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 Réchana

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Ephyse
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Ephyse


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Date d'inscription : 17/09/2005

Réchana Empty
MessageSujet: Réchana   Réchana EmptyVen 16 Déc - 6:10

Réchana

Je ne peux pas bouger. Je sens mes membres donc, je déduis que je ne suis pas paralysée. Que m’est-il arrivée ? J’ai froid, très froid, un peu comme si mon sang se dérobait dans mes veines. Un prénom tambourine dans ma tête. Réchana… et le mien ? J’ai trop mal à la tête. Je ne parviens plus à réfléchir.

Je parviens à ouvrir les paupières. Des petites gouttelettes d’eau cristallines me piquent la peau comme des milliers d’aiguilles. Je distingue des ombres autour de moi. Elles ne semblent pas parler la même langue mais elles semblent humaines. En regardant au-dessus de ma tête, j’aperçois comme des tuyaux, des éprouvettes, et une violente lumière.

Elle m’aveugle. Mais elle ne semble pas venir de l’extérieur. Elle vient de moi, comme une source d’énergie mystérieuse qui me garde en vie. Pourquoi ? Je ne sais pas. Ais-je simplement une raison d’exister ?

Au bout de ma main droite, je sens que je tiens quelque chose de lourd. Mes doigts sortent progressivement de l’engourdissement glacial qui possède le reste de mon corps. Ma volonté seule semble reprendre le contrôle de mes membres. Mais je me sens encore trop faible.

Les voix que j’entends se mêlent à un doux murmure. Un homme me parle. « N’oublie pas, tu dois continuer à exister. Mener ton combat en dépit des obstacles qui t’attendent. N’écoute que ton bon sens, car les faux amis chercheront sans doute à te tromper. Je serais là. Peut-être pas toujours aussi présent que tu le voudras. Mais cherche-moi et tu me trouveras. »

Ce douloureux souvenir me rappelle que je ne sais toujours pas qui je suis. Ni quel est cet homme qui a marqué ma mémoire. Seul vestige d’un passé qui me hante par son absence. Les créatures qui m’ont enfermée dans mon cercueil de glace m’ont laissée seule. Je suis devenue un jouet entre leurs mains. Mon corps engourdi ne peut même pas réagir à l’angoisse qui m’envahit. Je suis une bouche qui crie au secours sans pouvoir émettre aucun son. Mon esprit effrayé crie encore plus fort dans ma tête.

Dans l’ombre de la crypte humide oû je dors éveillée, une hombre se glisse. Je frémis à l’idée qu’il puisse me prendre le livre que je tiens à ma main gauche. Pourquoi la gauche ? Je crois me souvenir que dans ma main droite, je m’accrochais désespérément à quelque chose. Ou quelqu’un ?

Mais voilà que je sens une main amie qui se glisse dans la mienne. Sa peau est douce et son contact enivrant. Un sourire. Deux yeux flamboyants d’espoir et d’émotion. Ce n’est pas un rêve, car à son contact, mon corps semble reprendre vie. Il serre ma main. Et je l’entends me dire : « Tu m’as trouvé. » Je ne suis plus seule.

Au moment même oû cette main a touché la mienne, une forte douleur a envahi mon crâne. Comme si des milliers de becs d’oiseaux s’insinuaient dans les méandres de mon cervelet. Puis, une force incroyable vint me soulever de terre. Enfin, quand je dis moi, je ne sais plus au juste de quoi je parle. Mon corps ne pèse plus. Et pour cause, en recouvrant le vue, je m’aperçois que je n’ai plus d’enveloppe corporelle.

Et que celle que je croyais avoir est assise en face de moi. Réplique exacte de moi-même, cette jeune femme me sourit, avec mon sourire. Me parle avec mon timbre de voix.

« Te voilà enfin. Il était temps. Nous nous demandions combien de temps ton voyage cellulaire te garderait dans ton sommeil. »

Le moins qu’on puisse dire, c’est que ce clone de moi-même ne semble pas avoir de bonnes intentions me concernant.

« Le moment est venu de regarder la vérité en face, ma petite Elisabeth ». L’autre moi me tend un miroir.

Dans lequel, je découvre avec effroi, que je ne suis plus rien. Rien qu’une lueur, enfermée dans un sarcophage de glace. Je me noie dans une sensation inconnue de terreur comme en un tourbillon.

« Patrick ne t’avait pas prévenue ? Ou peut-être t’a-t-il trompée ?
J’ai mal. Plus mal que je n’ai jamais eu mal. La douleur corporelle n’est rien comparée à celle de l’âme.

« Et c’est tout ce qu’il te reste. Et oui, puisque je suis toi, je sais ce que tu penses. D’ailleurs, je sui désormais la seule avec qui tu puisses communiquer. Si je vais te tuer ? Certainement pas. Nous sommes étroitement liées. Tu ne te rappelles pas qui je suis ? ».

Cette femme me montre autour de son cou, un pendentif d’argent oû je peux lire en sanscrit les sept lettres terrifiantes : RECHANA.

« Si tu meurs, je meurs. Jusqu’au moment oû je trouverais la solution pour m’approprier ton esprit. »

Mon double n’est plus venue me parler depuis longtemps. Elle travaille sans doute au moyen de s’approprier mon âme pour pouvoir se débarrasser de moi. Je ne sais pas depuis combien de temps tout cela dure. Le temps s’écoule sans consistance. Des heures, des journées interminables oû je ne peux même pas me fier à la lumière du jour, enfermée que je suis dans ce caveau. J’ai fini par me dire qu’il m’importait peu de vivre. Après tout, mon existence depuis ma résurrection ressemble fort à la mort. J’ai sur les lèvres le goût amer de n’avoir plus rien qui ne me retienne ici-bas.

Je ne cesse de me torturer de questions. Je n’ai plus de réponses. La justice ne semble pas de ce monde. J’ai perdu foi dans un combat dont je me demande aujourd’hui pourquoi je lui ai tant sacrifié. Pour la confiance d’un homme qui m’a trompée ? Oui, je le sens maintenant, Patrick m’a trompée. La seule chose que je ne comprends pas, c’est pourquoi. Je ne représente rien de plus que ma pauvre personne, échouée sur terre sans l’avoir voulu. Forcée de mener une existence en tâchant d’y trouver un sens pour ne pas dépérir.

Les humains contrairement aux animaux ne peuvent survivre sans but à accomplir, comme pour justifier le don de la vie. Je croyais jusqu’ici avoir trouvé une mission à accomplir. Sans doute pour excuser un complexe de supériorité qui m’a toujours donné le sentiment que j’étais là pour une bonne raison. Que je ferais de grandes choses. Une idée qui semble si ridicule au regard de ce que je suis aujourd’hui. Abandonnée de tous, nécessaire à personne. N’ayant pas plus accompli de choses que le commun des mortels qui coulent des jours heureux dans le simple but de survivre en entassant des biens. Je me croyais différente, et bilan, j’ai passé ma vie à poursuivre une quête illusoire qui restera à jamais inachevée.

La porte s’ouvre. Il doit faire jour car je vois la lumière se glisser entre les gonds de la lourde porte qui ferme mon cachot. Réchana entre. Elle tient dans sa main une mèche de cheveu.

« Tu te demandes à qui ils appartiennent ? Mais je vais m’empresser de te le dire. A Patrick. Tu sais, ton soi-disant ami. Il est là, tout près de toi, et tu pourras très bientôt lui demander pourquoi il t’a fait ça. »

Elle sourit, bien joliment je dois dire. Je suis presque comme fascinée par cette image de moi-même. Ses yeux sont doux, presque tendres. Elle lisse nos cheveux et s’apprête à en couper une longue mèche.

« Ne pleure pas. Les larmes ne coulent pas de tes yeux, mais je te connais bien, ton âme pleure des larmes de sang. Apaise-toi, tu n’en as plus pour longtemps de souffrir. »

Elle coupe une mèche. Le cliquetis des ciseaux ma glace le cœur. Elle passe dans la pièce d’à côté. Je n’en crois pas mes yeux. Elle revient avec Patrick, allongé sur une table roulante, les pieds et mains solidement attachés. Elle le plante devant moi. Son teint est pâle comme de la pierre, ses yeux sont morts. Je voudrais courir vers lui, lui dire que je suis là malgré tout, même si je ne peux pas lui parler. Réchana susurre dans son oreille.

« Patrick, voilà des mois que tu ne veux plus parler. J’ai pensé que cette petite entrevue te rendrait la parole. Je n’ai pas tué Elisabeth, car je n’ai pas encore trouver le moyen de survivre dans son enveloppe corporelle sans garder son a^me. Mais la voilà. Elle t’écoute. Raconte-lui de quelle manière tu l’as trahie. »

A ces mots, le regard de Patrick se tourne enfin vers moi. « Je ne peux pas vous croire… Ce n’est pas elle… Elle seule me ramènerait à la vie et vous le savez. Mais ce n’est pas elle…

Il se mit à convulser violemment. Réchana semble affolée. La vie de Patrick lui est donc bien nécessaire, elle ne le tuera pas. En tout cas, elle ne semble pas vouloir le laisser mourir. Je voudrais tant pouvoir lui crier que je suis là. Mais rien, pas un mot, pas un son. Soudain, dans le silence de la grotte, une harpe se fait entendre. Réchana lève la tête. C’est une chanson, une vieille chanson que nous avions coutume d’écouter ensemble. J’en reconnais la mélodie. Les paroles disaient : “ Oh, come on please now, talk to me, tell me things I could find help, how can I stop now, there’s nothing I can do, I’ve lost my way, I’ve been losing you.”

Un flash me passe devant les yeux. Je sens quelque chose m’agripper la jambe. Je n’arrive pas à ouvrir vraiment les yeux. La lumière du soleil qui entre par cette grande fenêtre m’aveugle complètement. Mais je finis par reprendre mes esprits, enfin du moins, je le crois. Je suis dans une maison inconnue. Plus de grotte, plus de Réchana, plus de Patrick. Je semble avoir retrouvé mon corps. Machinalement, je regarde mon poignet et découvre un bracelet gravé. Une voix m’appelle soudain : « Réchana, tu es là . » Qui suis-je devenue ? Et par quelle influence ?
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