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 Illusions & realities

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Ephyse
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Ephyse


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MessageSujet: Illusions & realities   Illusions & realities EmptyMer 7 Juin - 5:41

Illusions and realities

Auteur : Aurora Dawn

Fic postée par l’auteur, en langue anglaise, à CID : http://p205.ezboard.com/fcandyisdandyfrm10.showMessage?topicID=77.topic[/b]

Résumé : Fic très sombre, post-« Le départ » (saison 2). Dans un futur apocalyptique, Maria est capturée par l’ennemi et ne s’en sort pas indemne.

Traduction : Magie

Note de la traductrice : FIC ADULTE. Elle peut être dure à lire par moment, car elle traite de la guerre, de ses effets et de leurs conséquences. De plus, un des personnages principaux est déjà mort alors même que la fic commence. Ce futur ne sera pas changé par un voyage dans le temps. A lire à vos risques et périls.

*****

1ère partie


Maria

La lune était entourée par la brume, ce soir, faisant apparaître le globe jaune plus large qu’il ne l’était. Je le regarde, suspendu dans la nuit noire au-dessus du désert comme je traîne vers ma petite fenêtre, espérant désespérément un peu d’air frais. Au lieu de ça, l’air chaud pénètre à travers les barreaux et transporte avec lui la poussière presque invisible du désert qui recouvre tout. J’essuie le sable sur ma joue et je soupire. Au moins, c’est une chaleur sèche.

J’ai toujour aimé l’immobilisme des nuits comme celle-ci. Durant ces jours idylliques, après le lycée, Michael et moi transportions son matelas sur le petit carré d’herbe situé derrière son appartement, lors de telles nuits. Nous nous reposions là, en caleçon et tee-shirt, tout en contemplant le ciel étoilé. Quelquefois, il me parlait d’Antar, de ce qu’il se rappelait de sa vie d’avant. Quoique, d’habitude, nous faisions l’amour dehors, la main de Michael couvrant mes lèvres et étouffant mes cris afin que nous ne réveillions pas ses voisins.

Mais c’était avant l’invasion, avant que Khivar ne s’abatte sur notre monde et ne commence à le détruire. Tout ce qu’il nous reste de ces moments de bonheur, ne sont que des souvenirs. Le matelas fut utilisé comme protection contre les attaques aériennes jusqu’à ce que l’immeuble tout entier ne brûle, lorsqu’un incendie qui avait démarré dans un appartement, s’était étendu à tout le bâtiment. Je suis sûre que ça s’est produit avant que Liz ne soit tuée, mais je ne peux pas être formelle. Tous ces mois de guerre sont très vagues dans ma tête.

Un coup bref à ma porte se fait entendre et la porte s’ouvre une fraction de seconde plus tard sans aucun respect pour mon intimité. Je m’en fiche maintenant. L’intimité est l’un des premiers droits que nous avons perdu. Il n’y a pas de place pour la vie privée quand tu vis dans une grotte avec cinq autres personnes, pas de place quand tu es plongée jusqu’au genou dans le sang et la boue et que tu as désespérément besoin de vêtements de rechange. Nous avons appris à être blasé à ce sujet, nous avons appris à détourner la tête et à regarder ailleurs quand le moment s’imposait.

Et si l’on surprenait quelqu’un à regarder, ou à épier, rien n’était dit. Isabel prétendait que je ne l’avais pas vue gémir et sangloter dans une allée sombre, un matin, et je prétendais ne pas voir la façon dont Max nous regardait, Michael et moi, certaines nuits. Surtout après que Liz ait disparu. Nous avons appris à cacher nos émotions, alors l’homme qui se tient sur le pas de la porte ne récolte qu’un regard absent de ma part.

Sachant pourquoi il est là, je me lève de ma chaise en bois et j’enfile une vieille paire de jeans avant de glisser mes pieds dans des sandales. Me débarrassant du tee-shirt noir délavé de Michael, je le dépose dans un coin pour enfiler un autre vêtement. Enfin habillée, je reprends le tee-shirt trop grand que je portais quelques secondes auparavant et je le plie avec soin. Je l’avais sur moi lorsque j’avais quitté les autres et c’est l’une des rares choses tangibles que je possède de mon passé. Laissant mes yeux se refermer, je frotte doucement le vieux tee-shirt contre ma joue, faisant semblant de pouvoir sentir l’odeur de Michael. Comme cette eau de cologne que je lui avais offert une année pour Noêl, il la portait rarement, mais elle sentait si bon sur lui.

Revenant dans le présent, je glisse le tee-shirt sous mon mince oreiller, sachant qu’il ne me faudra pas longtemps avant de revoir le visage de Michael. Soufflant sur les bougies qui se trouvent sur le sol, près de mon matelas, je me relève et me dirige vers l’homme, le dépasse et arrive dans une petite cour. Ma pièce est située au sud-est et de ce point de vue, le désert s’étend à l’infinie. Je m’arrête et admire la nuit, me tendant pour entendre le moindre signe de vie se situant au-delà de Roswell.

Il n’y a rien à voir. Le désert est noir et vide. Je me retourne pour faire face à la ville, l’homme à mes côtés faisant de même. L’apparente liberté de la cour n’est qu’une illusion. Si je fais un pas en avant, l’homme en fait un également. Un pas à gauche et il suit. Si je cours, il me rattrape, même si poser la main sur moi est interdit. Mais il sait que la punition pour mon évasion est encore plus terrible

Il y a quelques lumières vers l’horizon qui déchirent la noirceur. L’électricité était tout au mieux bourgeonnante et rare étaient les personnes qui possédaient des générateurs, ce qui voulait dire que l’hiver serait rude, cette année. Comme j’étudie le ciel, je pourrais presque jurer que je sens l’odeur d’un feu dans l’air. Notre peuple allume des feux dans les rues ou dans des maisons abandonnées, pas tellement pour la chaleur ou pour cuisiner, mais pour le réconfort que leurs lueurs apporte, contre le noir et la terreur. C’est drôle qu’une race aussi évoluée que celle de Khivar ait pu nous rétrograder à une époque aussi primitive.

Lorsqu’on se cachait dans la réserve indienne de Mesaliko, il y avait des moments ou l’on ne pouvait pas faire de feux car le risque de se faire prendre était trop grand. Au lieu de ça, nous nous pelotonnions tous les six les uns contre les autres pour nous apporter chaleur et réconfort et oublier la peur. Michael riait toujours et disait que c’était comme une orgie sauf que personne n’était nu. Mon sourire disparut comme je me demandais combien ils sont là-bas. Ca fait plus de 5 mois depuis que je suis partie. Ont-ils quitté la réserve ? En me laissant derrière ?

D’un air absent, je frotte la cicatrice qui se trouve sur mon bras et j’essaie de contrôler ma colère et ma peine, sachant très bien que ça le mettait en colère. Plusieurs minutes passèrent avant que je tourne le dos à Roswell et que je commence à marcher en direction du bâtiment en stuc à l’autre bout de la cour. L’homme sans nom à mes côtés arrête enfin de s’agiter et se met en marche, sans qu’aucun de nous ne prononce une parole.

La porte d’entrée du Tumbleweed Motel est à moitié sortie des ses gonds et reste en partie ouverte après que nous pénétrions à l’intérieur. A cause du générateur enfermé dans une réserve perdue à l’arrière des locaux, il n’y a qu’une faible lumière bourdonnante dans le couloir, suffisamment pour que je voie Tess assise dans l’embrasure de la porte. Elle se lève précipitamment et repousse une de ses boucles blondes qui lui tombent jusqu’à la taille.

Cette longue chevelure ondulée provoque une crampe d’estomac instinctive. C’est comme de se regarder dans un miroir et de voir l’ombre de sa propre personne. Ses cheveux avaient été plus courts et plus sombres, deux jours auparavant, mais lorsque je vois le bleu sur sa joue, je comprends pourquoi elle a changé ses cheveux pour qu’ils ressemblent aux miens. Mais je ne lui dis pas. Je ne lui adresse pas la parole alors que je marche en direction des bras d’un vieil ami et ennemi. Du coin de l’œil, je peux voir l’éclair de haine qui défigure ses traits délicats.

- « Putain. »

L’insulte sifflée pique, pendant un court instant, mais je ne ralentis pas ma lente progression. Je fais comme si je ne l’avais pas entendue. J’entends derrière moi les bruits d’une courte lutte, puis le bruit d’une porte qui claque et une clé qui tourne dans une serrure. Je me bouche les oreilles lorsque j’entends les bruits étouffés de pleurs, mon regard fixé sur les doubles portes au bout du couloir.
Le garde me rejoint, légèrement essouflé mais il se calme rapidement. Avalant péniblement sa salive et aplatissant ses cheveux ébouriffés, il lève le bras et frappe sur la porte en bois.

Nous attendons patiemment, jusqu’à ce qu’une voix profonde, de l’intérieur de la suite, nous permette d’entrer. Mon garde ne me suit pas à l’intérieur, il ouvre juste la porte et me permet de passer devant lui avant de la refermer derrière moi. Il ne la referme pas à clé, mais il n’a pas besoin de le faire, je ne vais nul part. Lentement, j’examine la pièce, souriant un peu à la vue de la profusion de bougies. Nous utilisions toujours énornément de bougies quand Michael avait oublié de payer sa facture d’électricité. Quelquefois, j’arrivais presque à me convaincre que c’était romantique. A travers une porte ouverte, je peux voir la chambre, les draps du grand lit déjà repoussés.

Le tintement d’un glaçon dans un verre me ramène à la réalité et je pivote vers la gauche, mon regard automatiquement attiré par l’homme grand qui se tient près de la fenêtre. Mon cœur a des ratés à là vue du visage rude de Michael. Cela fait presque une semaine depuis la dernière fois qu’il a fait appel à mo, et je le dévore des yeux comme il s’appuie nonchalamment contre un mur en sirotant lentement un liquide clair.

Il n’est vêtu que d’une large serviette blanche, enroulée étroitement autour de sa taille. Ses cheveux sont mouillés et mes doigts ont très envie de parcourir sa longue chevelure. Il ne s’est pas coupé les cheveux depuis l’invasion. Ses cheveux lui tombent aux épaules. Quelque fois, quand il m’appelle, il est ébouriffé et couvert de sueur et de saleté. Certaines fois, il y a du sang et je refuse de deviner son origine. Ces nuits-là, je lui donne un bain, le débarrassant des preuves de la bataille et nettoyant ses blessures. Puis je l’emmène dans son lit et j’essaie de soigner son âme de guerrier.

D’autres nuits, il s’est déjà lavé, déjà éloigné des choses qu’il accomplit durant la journée. Des nuits comme ce soir, je sais qu’il ne sera pas tendre, je sais que je ne verrai pas le côté calme de Michael. Il ne veut pas de mon amour, juste mon corps et le plaisir qu’il lui procure. Alors je me tiens près de la porte et j’examine son language corporel, son expression, afin de planifier mes mouvements.

Pendant de longues minutes, nous nous regardons. My gorge s’assèche comme il sirote une boisson.Je ne peux pas me rappeler de la dernière fois ou j’ai bu une boisson glacée, c’est un luxe, comme une douche bien chaude et un service du téléphone fiable. Le Michael que je connaissais m’aurait offert son propre verre. Il m’aurait même servi avant lui.

Pas maintenant. La guerre a fait de Michael quelqu’un de dur. Elle a renforcé ses foutus murs de pierre derrière lesquels il avait l’habitude de se cacher. Il a perdu tellement de personnes qu’il considérait comme des proches, trop de personnes dont il se sentait responsable. Une fois, il m’avait gardé avec lui derrière ces murs et m’avait fait confiance pour protéger son côté vulnérable. Plus aujourd’hui. La seule fois ou je vois le Michael que j’aime, c’est quand il est en moi et qu’il laisse tomber sa garde suffisamment pour ressentir quelque chose qui ressemble à une émotion humaine.

- « Viens là. »

L’ordre tranquille dans cette voix familière, et une violente excitation m’envahit, brûlante et étincelante comme de la dynamite. C’est la voix qui contrôle les troupes et exige l’obéissance. Des hommes sont morts en obéissant à cette voix, mais je ne peux pas bouger. Je n’arrive pas à obéir. Michael a toujours dit qu’il adorait mon obstination, la façon dont j’enfonce mes talons dans le sol et dont je me bats. Cette version dure de lui-même n’a pas l’air aussi amusée. Mais j’entends le challenge dans sa voix et je sais ce qui va se produire entre nous dans cette chambre, ce soir, sera à propos du pouvoir, prouver qui le possède et qui ne le possède pas.

- « Maria, maintenant. »

Je soutiens son regard pendant encore de longues minutes et puis je retire lentement mes sandales. La moquette sous mes pieds est usagée, mais toujours douce comme je le rejoins à pas mesurés. Lorsque je suis à quelques centimètres de lui, mes narines se dilatent et je respire une odeur de savon. Il mime mon action et je sais que c’est parce qu’il peut sentir mon excitation, à travers mes vêtements.

D’une main, il m’attrape et passe les doigts dans mes cheveux. Ils sont éclairçis pour avoir passé du temps à travailler en plein soleil, et pâles contre sa peau bronzée. Lorsqu’ils échappent à ses doigts, il reprend une autre mèche et l’enroule autour de son index, me tirant vers lui. Je soutiens son regard intense comme nous sommes tous les deux engagés dans une bataille silencieuse pour la domination, même si l’issue a déjà été décidée.
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MessageSujet: Re: Illusions & realities   Illusions & realities EmptyMer 7 Juin - 5:42

Il y a un léger bruit sourd comme il pose le verre sur la table en bois. Son regard ne me quitte pas comme ses larges mains entourent mes hanches, trouvant leur chemin de mémoire. Les os jaillissent, proéminents même à travers mon jean. Nous sommes tous maigres, à cette époque. Ca ne le dérange pas et il caresse la courbe d’une hanche tout en fredonnant comme il atteint mes fesses.

Michael a toujours dit qu’il aimait mes fesses. Il y avait un temps ou je ne pouvais pas passer devant lui sans qu’il me touche là. Je prétendais toujours que je détestais ça, mais il ne m’a jamais crue. Il se contentait de sourire d’un air narquois qui me mettait au défi de passer devant lui.

Il ne s’attarde pas là. Il glisse sa main à l’intérieur de mon jean, ses doigts plongeant à l’intérieur pour une caresse taquine contre le bas de mon dos. La pièce silencieuse fait écho de ma suffocation, et je me balance légèrement en sentant la peau de Michael contre la mienne. Ses lèvres se retroussent en un bref sourire victorieux et cruel.

Sa main s’enfonce dans mes cheveux, me piégeant, mais je n’essaie pas de m’échapper. Ma récompense est qu’il recommence à me caresser. Cette fois-ci, il s’attarde, ses longs doigts faisant de doux allers-retours contre la peau de mon estomac. Après un moment, il se recule une fraction de seconde, mais seulement pour avoir plus de liberté de mouvement pour défaire le bouton de mon jean. Avec un grincement, ma fermeture éclair est descendue, lui procurant la liberté qu’il recherchait pour agir.

Je m’attends à ce qu’il soit impartial, spécialement avec ce regard froid dans les yeux, mais il ne se presse pas, il est presque gentil comme il me caresse. Chaque mouvement de sa main l’emmène plus bas, proche du territoire qu’il connaît bien. Il n’y a pas de tissu qui lui bloque le passage, et je note la surprise dans ses yeux. Ne pas porter de sous-vêtements n’est pas un choix. Les vêtements vieillissent et ne peuvent être remplacés. Au bout du compte, je renonce à les rapiécer et j’accepte de ne plus en porter.

Il n’a toujours pas détourné les yeux et je fais de mon mieux pour cacher mes émotions, j’essaie de masquer ce qu’il me fait ressentir. Mais avec ses yeux qui m’épient, je ne peux pas cacher ma réaction involontaire à ses caresses. Il peut me sentir trembler sous son contrôle, il peut sentir mon estomac frissoner de désir. Mes genoux sont serrés pour les empêcher de flancher mais lorsqu’il glisse un doigt tout contre moi, je ne peux pas empêcher le gémissement qui s’échappe de mes lèvres.

Il le retire immédiatement, triomphant, brisant notre confrontation comme il essuie ses doigts d’un air absent sur la serviette qui le recouvre. Il finit de boire son verre déposé un instant plus tôt, puis il se dirige vers la chambre d’un pas rapide sans un regard en arrière. Je ne peux pas faire le moindre geste, je ne peux qu’écouter les bruits de ses pas qui s’éloignent. Lentement, je ferme les yeux et j’essaie de détendre mes mains, serrées comme des poings. Prendre une profonde respiration n’arrête pas les tremblements qui me secouent.

- « Maria, ne me force pas à revenir te chercher. »

La voix de Michael, exigeante, brise le silence lourd de la pièce et j’ouvre les yeux. Il n’y a aucune hésitation comme je me tourne et que je marche lentement vers la chambre illuminée par des bougies. Des bougies pour économiser l’énergie, pas pour la romance. Je ne combats pas mon besoin obsessionnel de sentir Michael me toucher, de sentir son corps contre le mien, le son de sa voix. Ce serait comme combattre mon besoin de nourriture. Je sais ce que c’est que d’être affamée, et je ne peux pas vivre comme ça. Tout ça me rend forte.

Il est assis au bord du lit lorsque je pénètre dans la chambre, sa serviette abandonnée sur une chaise tapissée posée contre un mur. Il ne me faut que quelques enjambées et je me tiens debout devant lui, entre ses jambes. A cause de ma position dominante, il est forcé de se reposer sur les mains et de relever la tête pour me regarder. En dépit de nos positions, la question de savoir qui domine ne se pose pas.

Je me pencher vers lui et passe la main sur ses sourcils, sentant la cicatrice invisible qui se trouve là. Celle laissée par une bataille que lui et Max ont mené à Las Vegas. Ma main glisse sur la peau douce de ses joues jusqu’aux contours hérissés de poil de sa mâchoire. J’aurai des marques sur mon corps demain, à cause de ce début de barbe. D’une façon inattendue, mon esprit se rappelle les bleus sur la joue de Tess. Aucune de nous ne quitte cette pièce intacte.

Refusant de révéler mes pensées, je pose mon regard sur la poitrine nue de Michael, mes doigts traçant la ligne de sa clavicule jusqu’à son sternum. Il a perdu toute la douceur qu’il avait possédée auparavant. Les muscles sous mes mains sont durs, entraînés par la guerre et le labeur physique. Juste au dessus de son cœur, il y a une autre cicatrice, une paire délibérée de lignes blanches qui se croisent. Juste après l’invasion, avant que l’on sache la vérité sur Khivar, il avait réussi à capturer Michael. Il l’avait pris, juste sous notre nez. Il l’a retenu prisonnier pendant une journée et une nuit et lui a fait subir des tortures qui ont laissé des cauchemars et la haine au cœur. Lorsqu’il nous fut rendu, les seules marques sur Michael étaient ces lignes étroites. Max n’a jamais pu les guérir ou les effacer.

- « Tu me manques, Spaceboy. »

Les doux mots m’échappent avant que j’aie même conscience de les avoir prononçés. Il se raidit au son de ma voix, ou peut-être des mots, mais j’ai l’habitude. Mon profond désir pour le Michael que j’avais l’habitude de connaître n’est pas quelque chose il aime entendre, mais ce soir, je refuse de me censurer.

Il se penche soudainement en avant, attrapant d’une poignée le vieux tee-shirt usagé que je porte. Lorsque je relève la tête et rencontre son regard, ses yeux sont sombres encore, froid. Extra-terrestres.

- « Enlève-le. »

Comme toujours, le ton autoritaire de sa voix me fait souffrir. J’ai joué à des jeux de pouvoir avec Michael, auparavant, des jeux sexuels de contrôle et de soulagement. Leurs souvenirs me prennent à la gorge. Baissant les mains, j’écarte les siennes. Il n’y a aucune taquinerie dans la façon dont je relève le tee-shirt au-dessus de ma tête, ou dans la façon dont je le laisse tomber au sol. Ce ne sont que des vêtements, il sait déjà ce qui se cache dessous.

Son regard se pose sur mes seins, et je peux voir sa poitrine se soulever. Il siffle lentement, mais il ne me touche pas. Au lieu de ça, il tire sur ma fermeture éclair.

- « Le jean, aussi ».

Je fais glisser mon jean le long de mes jambes, et je l’ôte avec autant de grâce que me confère la situation. Puis je donne un léger coup de pied dans mon jean et je me tiens debout, nue devant lui. Je ne suis pas embarrassée, ni affligée d’une fausse modestie. Les yeux de Michael m’ont déjà vu nue avant. Je me contente de regarder cet homme devant moi avec des yeux verts qui cachent mes émotions. Mais mon corps ne peut cacher ses réactions et le peux sentir une moiteur entre mes jambes, le tremblement de mes cuisses.

Il m’observe pendant plusieurs minutes, ses yeux vagabondant sur ma peau, comme s’il cataloguait ses imperfections et ses cicatrices. Comme il me regarde, il caresse son érection, son toucher léger. Je sais qu’il n’ira nulle part avec ce genre de caresses, et je déglutis péniblement, sachant très bien ce qu’il faudra pour qu’il soit satisfait.

- « Agenouille-toi. »

- « Non. »

La surprise sur son visage est évidente et je peux voir, dans le froncement de ses sourcils, qu’il pensait m’avoir eue. Mais je ne peux pas me soumettre comme ça, pas ce soir. Pas avec le souvenir de la douleur de Tess qui me rappelle trop le passé et qui menace de déchirer la fabrique ténue de cette réalité. Après un moment, il agrippe mon avant-bras, son pouce effleurant la longue cicatrice qui s’y trouve.

- « Je peux te forcer. »

Cette phrase est prononcée nonchalamment, sans aucune menace. Mais la menace est évidente dans la manière dont il me touche et me rappelle la bataille que j’ai perdue.

- « Tu seras obligé de le faire. »

Je le pense. Nous sommes engagés dans une longue bataille de volonté, nous battant pour le contrôle de ce moment. Finalement, il se met à rire doucement, faisant involontairement chavirer mon cœur dans ma poitrine. J’ai si rarement l’occasion d’entendre le rire de Michael. Surprise par le son, je manque la tension rapide de ses muscles et ne suis pas préparée lorsqu’il resserre sa prise sur moi et me tire violemment en avant, nous faisant trébucher tous les deux sur le lit.

S’ensuit une rapide bagarre pour celui qui sera au-dessus, et elle s’arrête quand il me plaque sous lui, son poids bloquant l’air dans mes poumons. J’oublie toujours à quel point il est lourd. Il réussit à me tenir les poignets d’une seule main, les tenant au-dessus de ma tête dans une poigne brutale. C’est la douleur tout autant que la position qui me fait m’arquer contre lui. Le sourire de Michael refait surface, le sourire en coin que j’aime tant.

- « Dieu, j’adore la façon dont tu te débats. »


ATTENTION – CE QUI SUIT EST LA PARTIE ADULTE DE LA FIC (ne pas lire si cela vous dérange)

Il baisse la tête pour placer un baiser dur, exigeant, contre mon cou, tiraillant la peau et mordant sans aucune gentillesse avec ses dents aigues. Je suis habituée maintenant à la façon dont il me marque, comme si j’étais un objet qui lui appartenait, et un long râle s’élève du plus profond de moi lorsque je sens mon sang bouillir juste sous ma peau. A travers des yeux mi-clos, je peux voir sa tête se déplacer plus bas, peux sentir la douceur des cheveux de Michael qui balaient ma peau brûlante.

La chambre tournoie à me donner le vertige, et le lit semble s’incliner fortement lorsque je sens sa chaude respiration soufflant sur ma poitrine. Pendant un long moment, il ne fait que planer au-dessus de moi, respirant et reniflant avec sa mâchoire rugueuse me caressant. Je suis vaguement consciente que sa main libre glisse le long de mon corps et fait un détour par ma hanche, sa main calleuse râpant comme du papier verre sur ma peau hyper sensibilisée. Je pousse un doux gémissement, juste pour être ramenée à la réalité quand la bouche de Michael se referme, affamée, sur son sein. Il le suce violemment, sa langue lavant ma peau chaude et ses dents mordant le téton érigé.

Avant que je puisse reprendre ma respiration, je sens ses doigts humides caresser mon sexe, me taquinant d’une touche légère. Il se déplace un peu, puis sans avertissement, plonge deux doigts, brutalement. Mon hurlement déchire le silence de la pièce. J’essaie de libérer une de mes mains, ne sachant pas si mon intention était de l’empêcher de continuer ou bien de le maintenir en place. Mais il ressert son étau et continuer à plonger ses doigts en moi, me conduisant vers la frontière si fragile qui sépare le plaisir de la douleur.

J’essaie de garder les yeux ouverts, de me concentrer sur quelque chose d’autre que sa façon de controler mon corps, mais c’est sans espoir. Ils se referment et je peux entendre son grondement victorieux qui émane de sa poitrine. Le temps s’écoule lentement et devient impossible à mesurer lorsque sa bouche bouche sur ma poitrine, alternant entre mettant trop de pression et pas assez. Le mouvement de ses doigts ne faiblit pas et bientôt, mon cœur se met à battre au même rythme que ses poussées.

- « Michael, s’il te plaît. »

Le désespoir dans ma voix est évident, mais je n’y prête plus attention. Je ne fais plus comme si je prétendais qe j’avais le moindre contrôle sur ce qui se passait. J’admets la défaite. Je me rends. Tout ce que je souhaite, c’est qu’il apaise ce feu qui danse sous ma peau, qu’il me laisse atteindre cette jouissance qu’il me refuse.

Il s’immobilise, et j’ouvre les yeux, suffisamment pour le voir relever la tête de ma poitrine, sa bouche rouge, ses lèvres mouillées. Les doigts de Michael se retirent de mon corps, s’attardant sur les plis enflés de mon sexe et me faisant me cambrer. Lorsqu’il pose ses doigts humides contre mes lèvres, j’ouvre la bouche en un geste automatique et le laisse faire, enroulant ma langue autour de ses doigts et lavant la peau. Inconsciemment mimiquant la chose qu’il me refusait plus tôt, je goûte le sel de la peau de Michael.

Le lit craque presque silencieusement comme il se penche contre mes poignets, se reposant sur moi et bougeant juste pour plonger son érection en moi. Mes joues s’évident comme je prends ma respiration face à son invasion. Retirant ses doigts de ma bouche, il place sa main sur son sexe pour s’ajuster, et pour m’ouvrir un peu plus. Lentement, il abaisse le reste de son corps sur le mien et s’engouffre violemment dans mon corps.

Nos yeux se rencontrent encore une fois et dans les prunelles brunes, je vois le garçon dont je suis tombée amoureuse il y a toutes ces années qui me regarde. Piégée dans le moment, dans cette illusion, je brise toutes les règles que je m’étais imposée et je l’embrasse, écartant ses lèvres avec les miennes et mes yeux se referment. Nos langues jouent et le flash, des images noires et grises, me tombe dessus :

- un feu dévorant un bâtiment, détruisant le vaisseau spatial a moitié incrusté dans un mur,
- des corps répandus un peu partout, hommes, femmes, enfants… morts,
- des étoiles qui défilent à toute allure,
- une jeune fille brune, le sang jaillissant de sa bouche, une empreinte argentée sur sa poitrine,
- Tess sur ses genoux, suppliant comme elle se faisait frapper,
- Michael attaché, des larmes coulant le long de son visage grimaçant comme Khivar tient ses mains de chaque côté de la tête de mon bien-aimé, une fine lueur argentée séparant les deux hommes comme les souvenirs de l’un étaient transmis à l’autre…

- « Non ! »

J’arrache ma bouche de la sienne avec un cri douloureux. Lorsque j’ouvre les yeux, ceux qui me regardent ne sont plus bruns. Au lieu de ça, ils noirs, durs et extra-terrestres.

Khivar.
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MessageSujet: Re: Illusions & realities   Illusions & realities EmptyMer 7 Juin - 5:42

- « Sale garçe. Je m’amusais bien jusqu’à maintenant. »

L’adrénaline envahit mon corps, tuant mon excitation comme je me débats contre lui et que j’essaye de me libérer de son emprise, même en sachant que ma force n’égale pas la sienne. Il m’aplatit immédiatement, un sourire cruel éclairant son visage comme il serre mes poignets. J’ai détruit son illusion, mais pas sa détermination.

- « Nous n’en avons pas encore terminé. »

Il se penche vers moi et lèche la larme qui s’est échappée et court sur ma tempe, son corps poussant contre le mien. Son cou est à hauteur de mes dents, mais comme je relève la tête pour l’attaquer, il ressert son étau sur mon poignet, son pouce pressant fortement sur ma cicatrice. Comme une douche froide, je me gèle sur place. Détournant la tête, je garde mes yeux fermés et je prétends que je ne le vois pas. Je prétends que ce sont toujours les mains de Michael sur moi, la respiration de Michael qui est chaude contre moi. Mais je ne peux pas bloquer la sensation que ce corps qui me viole ne possède pas la grâce de Michael, ou le liquide chaud qui m’envahit lorsqu’il jouit.

FIN DE LA PARTIE ADULTE.

Peandant un instant, la chambre est silencieuse, à part pour sa respiration laborieuse. Lorsqu’il relève la tête, il a repris l’apparence de Michael, comme si il savait que cela me ferait encore plus mal.

- « Sors d’ici. »

Comme si les mots n’étaient pas assez explicites, il me repousse violemment, m’expédiant au bord du lit d’un seul mouvement. J’atterris durement sur le sol et je gis là, essayant de reprendre ma respiration, essayant de ne pas paniquer. Une fois que ma respiration est sous contrôle, je me rhabille fébrilement, ignorant le bruit de déchirure comme je force l’encolure du tee-shirt sur ma tête.

- « Maria. »

Il m’appelle avec la voix de Michael, et je m’arrête sur le pas de la porte, maudissant la faiblesse qui fait que j’ai automatiquement envie de me précipiter dans ses bras. Combattant cette impulsion, je me mords les lèvres, utilisant la douleur et le goût métallique du sang, comme un moyen pour me concentrer. Cela ne le dissuade pas, et le lit craque comme il se lève. Je ne sursaute en sentant ses mains se poser sur mes épaules, je ne fais que maudire mon corps rebelle quand ma poitrine se tend en sentant les mains de Michael glisser suggestivement sur elle.

- « Je te ferai payer ça la prochaine fois. »

Je sais que cette menace n’est pas vaine. Khivar a besoin de l’illusion comme quoi je suis consentante, et moi j’ai besoin de l’illusion qu’il est Michael. Quand l’illusion craque, cela lui rappelle que la seule façon pour lui de me posséder est de prétendre être quelqu’un d’autre. Il me repousse loin de lui, et je trébuche hors de la pièce. Comme je fais une pause pour tourner la poignée de la porte, un éclair de métal attire mon attention. D’instinct, je me saisis de l’objet et le fourre dans une poche, hors de vue.

Mon escorte m’attend à l’extérieur des doubles portes, et il reprend vie comme je sors de la suite. Nous reprenons la direction du hall, et je remercie le ciel que la porte de la chambre de Tess reste fermée comme nous passons devant. La cour est toujours sombre, mais lorsque je m’arrête et lève les yeux, je réalise que le brouillard s’est levé et que la lune est nue. Exposée et miniscule. Lorsque nous atteignons ma cellule, je refuse la lumière et je ferme la porte fermement.

Seule dans le noir, je me déshabille rapidement et j’enfile le tee-shirt de Michael avant de ramper sur le lit. J’ignore la bassine et le pichet d’eau près de la fenêtre. Je ne veux pas me séparer de l’odeur de Michael qui s’accroche à moi, elle partira bien assez vite. Me recroquevillant sur moi-même, je regarde à travers les barreaux les rayons de la lune qui tombent sur le sol et je joue distraitement avec le lourd objet en métal que j’ai retiré de ma poche.

Tess me surnomme « la putain », pour faire ce que je fais, pour laisser Khivar utiliser mon corps. Sa colère amère, sa jalousie de mon statut de « favorite » est presque tangible. Elle ne sait pas qu’il prend l’apparence de Michael, ou bien qu’il possède les souvenirs de Michael et moi, ensemble. Quelquefois, je pense à lui dire, à tout lui expliquer. De nous tous, je crois que Tess pourrait comprendre le mieux la différence qu’il y a entre être vivant et se sentir vivant.

Lorsqu’il a débarqué sur Terre, nous ne savions pas que Khivar pouvait prendre n’importe quelle forme, tout comme Nacedo. Liz a essayé de nous le dire, lorsqu’elle nous fut rendue, la première fois, mais nous ne pouvions faire confiance à ses paroles. Les abominations qu’il lui avait fait endurer avaient détruit son brillant cerveau de scientifique et elle débitait aussi bien des insanités que la vérité, dans la même phrase. Nous aurions dû l’écouter. Au moins, on aurait pu se préparer.

Michael revint plus tôt d’un raid, une nuit. Un doigt posé sur mes lèvres lui garantissant mon silence, nous nous sommes dirigés vers le désert, décidés à voler quelque instants d’intimité, loin de tout le monde. Nous avons fait l’amour sous les étoiles, et quand il avait joui, j’ai vu le changement s’effectuer. Il n’avait pu retenir l’illusion et j’ai vu l’homme que j’aimais se transformer en mon ennemi.

Les mois de guerre m’avaient appris à être rapide et sans pitié, alors je m’étais saisie de mon couteau de chasse que Michael avait insisté que j’apprenne à utiliser et à emmener partout avec moi, plongeant la lame dans son corps. Khivar m’avait envoyé voler comme une mouche d’un seul geste de la main, et je m’étais écrasée contre des rochers. Le reste de notre rencontre fut perdue dans un brouillard de douleur et d’obscurité.

Je m’étais réveillée couverte de bleus et de courbatures à la suite d’un passage à tabac dont je ne me rappelle toujours pas, un bandage très simple sur mon bras tâché de sang. Je supposais que c’était dû à mon vol plané contre les rochers. La blessure ne fut jamais recousue mais guérit quand même, laissant une affreuse cicatrice. Khivar touche ma cicatrice fréquemment, utilisant ce geste pour me rappeler, à tous les deux, qui était le chef. Non pas que j’étais en mesure d’oublier, ma position de prisonnière était évidente dès le départ. Des gardes réguliers, des portes fermées à clé, des demandes rejetées. Les deux fois ou j’ai réussi à m’échapper, on m’a ramenée et j’ai été battue. Je ne suis ni masochiste, ni stupide, alors j’ai cessé d’être transparente dans mes tentatives d’évasion.

Chaque fois que Khivar m’appelle dans sa chambre, ou sa tente, ou n’importe ou ailleurs, il le fait toujours en tant que Michael. Au début, j’ai essayé d’être distante, essayé de me rappeler qui en fait posait vraiment la main sur moi. Mais il s’exprimait comme Michael, il me caressait comme le faisait Michael, et il me faisait croire qu’il était l’homme que j’avais laissé derrière moi. J’ai avalé l’illusion. J’en avais besoin ; c’était la seule façon que j’avais de survivre. Puis, une nuit, alors que j’étais allongée à côté de lui, j’ai réalisé qu’être là, à ses côtés, me faisait me sentir vivante, me faisait ressentir autre chose que d’être une mort-vivante.

Quand il me touche avec les mains de Michael, qu’il me recouvre avec le corps de Michael, cela nourrit en moi cette faim et me rend plus forte. Suffisamment forte pour prendre ma revanche. J’ai planifié, réunissant tout ce dont j’avais besoin, quand je le pouvais. Ce soir, c’était un couteau de cuisine qui avait été oublié sur une table près de la porte. Il sera caché dans le matelas où j’ai déjà accumulé toutes les autres choses que j’ai volées.

Il y a eu d’autres occasions de s’échapper. Des fenêtres d’opportunité que j’ai vu ouvertes, mais que je n’ai pas saisies. Je ne suis pas une idiote qui a choisi de rester là, prisonnière. Je n’ai pas oublié ce qu’il nous a fait subir à tous. La façon dont il a tué Liz, la façon dont il a torturé Michael, la façon dont il essayé de nous détruire tous. Je me rappelle de tout. Je sais aussi que Khivar ne me tuera pas, pas si je maintiens notre petit manège de l’illusion. Pas si je joue à son jeu. Mais je vais le tuer.

Je suis une des rares à pouvoir l’approcher. Même Tess ne peut pas l’approcher comme je le fais. Je dors dans son lit. Je le touche quand il est nu et sans défense. Par moments, je crois qu’il me fait presque confiance. Je peux l’avoir quand il n’est pas sur ses gardes et si je joue bien mes cartes, je peux m’échapper avant même que les autres réalisent ce que j’ai fait.

Plongée dans mes pensées, je souris et rapproche mes genoux vers ma poitrine, tendant le tee-shirt de Michael et frottant ma joue contre le doux tissu. Bientôt, je pourrai de nouveau dormir avec les bras de mon bien-aimé enroulés autour de moi, au lieu de ce substitut. Bientôt, je pourrai sentir ses lèvres contre les miennes et faire l’expérience du véritable amour. Bientôt, j’aurai ma revanche.
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MessageSujet: Re: Illusions & realities   Illusions & realities EmptyMer 7 Juin - 5:43

Réalité

Michael

J’aurais dû savoir qu’il allait s’agir d’une de ces nuits. Maria s’est éloignée de moi durant toute la soirée. Elle ne veut pas croiser mon regard, elle ne veut rien dire. Diable, la sueur qui couvre mon corps n’est même pas encore sèche et elle quitte déjà notre lit. Nous sommes tous deux silencieux comme elle se rhabille sous le clair de lune qui perce à travers la fenêtre ouverte de la chambre. Ses mouvements sont saccadés et manquent de coordination comme elle enfile son vieux jean et un tee-shirt usé et je me demande si je vois vraiment ses mains trembler.

Peut-être que j’imagine le regret dans ses yeux verts comme elle me regarde brièvement, mais je ne sais pas. Je ne peux plus la lire comme je le faisais auparavant. Elle quitte rapidement notre chambre, le bruit de ses pas résonnant comme ils martelaient le sol du couloir. J’attends, écoutant le craquement de la porte arrière. Elle s’ouvre, et quelques instants plus tard, une autre porte se referme sans bruit.

Sachant que Kyle la suit à une distance raisonnable, je me recouche et je ferme les yeux. Le drap emmêlé que je serre dans ma main se détache du pied du lit avec un bruit de déchirure, mais cela n’empêche pas le tremblement de mes bras. Ce n’est pas sa faute si elle doit s’en aller. Ce n’est pas sa faute si elle s’éloigne de moi. Je dois lui laisser son espace, la laisser à sa solitude. Je dois être patient.

Je me répète ces mots, à plusieurs reprises, mais d’une certaine façon, ce mantra ne m’apaise pas. Cela n’enlève pas cette colère sourde qui brûle en moi. Là encore, rien ne m’en débarrasse.

Ce n’est pas ce à quoi je rêvais, lorsqu’elle était partie. Je croyais que lorsqu’elle reviendrait, nous retomberions dans notre comportement habituel. Elle surgirait en courant sur une quelconque route et se jetterait dans mes bras avec un grand sourire et des baisers affamés. Nous serions heureux et je me sentirais complet avec elle à mes côtés. Nous discuterions de ce qui s’était passé, elle me laisserait guérir ses blessures, et nous laisserions le passé derrière nous. Je n’arrive pas à croire que j’étais aussi stupide.

Maria est de retour depuis quatre mois, et nous n’avons rien pu mettre derrière nous. Comment le pourrions-nous lorsqu’elle refuse d’en parler ? Dieu, ses murs pourraient rivaliser les miens. Je les pilonne, lui demandant de me révéler ce qui lui est arrivé lorsqu’elle était « partie », et j’essaye de lire entre les lignes quand elle s’exprime. La seule chose que j’ai apprise est que faire des trous dans des murs n’a aucun effet sur ma frustration.

Rejetant le drap de coton qui me recouvre, je laisse l’air frais flotter sur mon corps nu. Le vent transporte une fine couche de poussière qui se dépose sur moi comme de la poudre, mais après avoir vécu dans la saleté durant plusieurs semaines alors que nous nous battions, un peu de poussière n’est rien. Maria ne s’en plaint pas, mais je l’ai vue s’essuyer la joue d’un air absent, comme pour s’en débarrasser.

C’est le language corporel de Maria qui me révèle ce qu’elle veut cacher. Il me dit que cette cicatrice sur son avant-bras, ces fines lignes qui s’enroulent autour de son coude, sont off-limites. Territoire interdit. Chaque fois que je touche sa cicatrice, elle se fige, ses épaules se raidissent et elle s’envole loin de moi. Si j’oublie et que je frôle son bras alors que nous sommes couchés tous les deux, pendant que nous faisons l’amour, elle se retire en un lieu ou je ne peux pas l’atteindre. Je ne peux pas voir la Maria que je connaissais.

Les premières semaines après son retour, je la laissais prendre les devants, je la laissais venir à moi. Et elle venait toujours. Si elle était hésitante lorsque nous étions ensemble, je mettais ça sur le compte de notre séparation. La guerre nous a tous changés et nous avons tous subi des moments pénibles. Si je pensais qu’elle n’était pas totalement présente par moment, émotionnellement, je mettais ça sur le compte de ma bonne vieille paranoïa. Ma vieille peur qu’elle ne m’aimait pas comme moi je l’aimais. Puis elle a commencé à quitter notre lit après avoir fait l’amour. Pas tout le temps, mais au moins cinq fois sur dix. Elle a toujours attendu jusqu’à ce qu’elle pense que j’étais endormi.

Nous étions assis sur le porche arrière, une nuit, lorsque je lui ai demandé de but en blanc si elle avait été violée. Ce n’est pas comme si je n’avais rien vu de tel, comme si je n’avais pas vu les ravages de la guerre, ou à quel point la revanche peut conduire les hommes à ce genre de choses. Pendant une bataille, Kyle et moi avions dû stopper un groupe d’hommes qui tentaient de violer une femme extra-terrestre qu’ils avaient capturée. J’en rêve encore parfois et associer ce mot, lier ce souvenir à Maria, je peux à peine le prononcer. Elle n’avait pas eu l’air de le remarquer. Diable, elle n’avait même pas réagi. Elle n’avait fait que regarder au loin, son corps tendu comme elle secouait la tête. Non, m’avait-elle répondu. Elle n’avait pas été violée.

Même maintenant, je n’arrive pas à croire qu’elle m’ait menti. Lorsqu’elle m’avait répondu ça, j’avais voulu la croire. Je ne m’étais pas disputé avec elle, ou je ne l’avais pas confrontée. Mais plus elle s’éloignait, moins elle parlait, et plus je devenais furieux. Je croyais qu’elle me faisait confiance. Je croyais que ce qu’il y avait entre nous avait plus de valeur que ça à ses yeux. Peut-être était-elle inquiète que je serais dégoûté, ou bien que j’aurais honte d’elle pour ce qui s’était passé. Peut-être pensait-elle que je me débarrasserais d’elle si je connaissais la vérité.

Pourquoi ne comprend-elle pas que tout ça n’était pas sa faute ? Pas le viol, pas la douleur dont elle souffre toujours, rien de tout cela n’était de sa faute. Pas même la rage que j’essaye de dissimuler est de sa faute. La responsabilité repose sur l’homme qui lui a fait ça. L’homme qui croyait qu’il pouvait lui prendre tout ce qu’il voulait.

L’homme qui lui a fait mal.

Je souhaiterais juste qu’elle me dise qui lui a fait ça. Qu’elle me dise si c’était Khivar. Comme ça, au moins, je pourrais toujours l’imaginer alors que je détruis ses murs. Au moins, je pourrais essayer et améliorer les choses au lieu de me débattre dans le noir en lui faisant encore plus de mal.

Repoussant ces pensées concernant mon incompétence, je balance mes jambes de l’autre côté du lit et je m’assieds, me tenant la tête entre mes mains. La pièce tournoie brièvement, me rappelant que j’étais épuisé après notre activité nocturne. Maria a vraiment repoussé les limites, cette nuit. Elle m’a poussé à libérer la sauvagerie qui somnole sous ma peau. Nous avons déjà jouer à ces jeux de pouvoir, avant, des jeux ou l’on donnait et recevait et ou il n’y avait pas de vainqueurs. Mais depuis qu’elle est revenue, il y avait un nouveau sens à ces jeux, un besoin plus grand d’avoir le contrôle et un besoin plus grand de se laisser aller. Un besoin que je ne comprends pas. Spécialement si on considère ce qui lui est arrivé.

C’était comme ça, ce soir. Elle m’a taquiné avec ses doigts et ses lèvres, en me refusant toute jouissance. Me poussant et poussant encore jusqu’à ce que j’oublie ce qui lui était arrivé et que je lui rende la pareille. Je l’ai bousculée sur le lit et je l’ai prise avec moins de finesse que d’habitude, poussant et possédant son corp. La marquant comme m’appartenant, avec ma bouche et mes mains. Et durant cette nuit, elle n’a pas protesté, elle ne m’a pas combattu. Elle s’est contentée de me regarder avec ses grands yeux verts de sorcière. Elle m’a regardé comme si je n’étais pas là.

Je hais ce regard distant. Je hais qu’elle porte ce masque quand nous faisons l’amour. Presque autant que je déteste ne pas savoir exactement pourquoi elle agit comme ça.

Me léchant les lèvres, je goûte l’aspect métallique du sang et je réalise que c’est celui de Maria. Même si j’avais raté tous les autres signes, je sais qu’elle est perturbée lorsqu’elle se mord les lèvres jusqu’au sang. Presque comme si elle utilise la douleur comme un moyen de concentration ou une source où elle puise sa force. Et ça marche vraiment. Dieu sait que j’ai déjà agi comme ça. Je ne me suis juste jamais attendu à ce qu’elle utilise cette tactique avec moi. Je me passe les doigts sur ma bouche et je me demande si elle faisait ça avec lui. Je me demande si il aimait ça, aimait le goût du sang de Maria dans sa bouche.

La plante en pot sur la commode explose en une pluie de fragments de poterie, et je me baisse instinctivement, maudissant mon manque de contrôle. Je ne devrais pas penser à ça. Je ne devrais pas m’attarder sur ce qui lui est arrivé. Cela ne fait qu’augmenter ma colère destructrice. Mais comment suis-je censé oublier lorsque je vois la souffrance sur son visage presque chaque jour. Comment puis-je oublier quand elle rampe hors de notre lit et se glisse dans le désert parce qu’elle ne peut pas supporter plus longtemps que je la touche ?

Relevant la tête, je regarde autour de la pièce pauvrement meublée que nous partageons, me rassurant à la vue de son bandeau à cheveu en velours sur la commode et ses bottes sales près de la porte. La moitié du temps, je me réveille seul et je crois que je n’ai fait que rêver son retour. J’avais l’habitude de me retourner la nuit et j’aurais pu jurer que le lit était chaud, comme si elle y avait dormi, comme si je pouvais y sentir son odeur sur son oreiller près du mien. Quelquefois, je ne suis plus sûr. Elle se déplace comme un fantôme.

Incapable de rester dans cette chambre vide plus longtemps, je me lève et j’enfile mon pantalon tâché, secouant la poussière noire qui le couvre. Elle va me tuer pour avoir démoli cette plante. C’est la première chose qu’elle ait réussi à faire pousser, ici. Mais il n’y a aucune chance pour que je la remette en état avant son retour. Je ne suis pas assez calme pour ça. La suivre est impossible alors je laisse mes bottines dans la pièce et je marche pieds nus à travers la maison jusque sous le porche.

La lune est pleine, ce soir, suspendue au-dessus des pointes élevées des montagnes de l’est. Une partie de moi est reconnaissante qu’elle fournisse tellement de lumière. Au moins, je n’aurais pas à m’inquiéter que Maria tombe d’une falaise parce qu’elle ne peut pas voir où elle va. Cependant, cela de dénoue pas le nœud dans mon estomac parce que je sais qu’elle restera plus longtemps dehors.

Me reposant contre la barrière de bois qui encercle le porche, j’admire le désert, frottant d’un air absent la cicatrice sur mon cœur. Le paysage est magnifique, spécialement de nuit, quand les étoiles semblent descendre sur la vaste étendue de sable. Parce que la ville se trouve de l’autre côté de la maison, il n’y a que quelques lumières pour détruire l’illusion. D’habitude, la tranquille obscurité m’apporte un semblant de paix. Du moins avant. Mais pas ce soir, pas quand Maria est quelque part, dehors.

J’ai passé trop de nuits à contempler le ciel et à me demander où diable elle se trouvait ou bien si elle était encore en vie. Max, Isabel et Kyle ont tous essayé de me forcer à accepter qu’elle avait disparu pour de bon. C’était la chose la plus réaliste, d’accepter sa mort. Nous avions cherché pendant des semaines, sans succès, suivant toutes les pistes possibles, sans trouver la moindre trace d’elle. Chaque fois que Max ou Isabel me trouvait sur ces rochers, là où son sang s’était répandu jusque sur le sol, ils me rappelaient qu’il y avait une chance pour qu’elle n’ait pas survécu à cette attaque. Je les ignorais. Ce qu’ils disaient ne comptait pas vraiment, parce que je savais que tout ce que j’avais à faire, c’était d’attendre et de continuer à chercher et qu’éventuellement, nous nous retrouverions.

Et nous nous sommes retrouvés. Nous choquant tous, elle débarqua, remontant l’allée durant une fin d’après-midi, Tess à ses côtés. Juste comme j’en avais rêvé. Je ne l’ai presque pas reconnue au début, ses cheveux étaient noirs et elle avait l’air si maigre. Mais lorsque j’ai plongé mon regard dans ses vibrants yeux verts, j’ai su que c’était Maria. Elle hurla en riant lorsque je l’ai prise dans mes bras pour la faire tournoyer. Elle rit encore plus fort lorsque Kyle l’arracha de mes bras et fit la même chose.

Fronçant des sourcils, je réalise que c’était la dernière fois que j’ai entendu le rire insouciant de Maria. Elle n’aime pas quand je la prends spontanément dans mes bras. Le craquement soudain du bois laisse des échardes dans ma main, alors je la porte à mes lèvres et je suce le sang, ignorant le goût comme je reprends ma respiration.

Cette première nuit, après son retour, fut fantastique. Nous sommes restés debout pendant des heures, à parler et à rire, à se toucher. Kyle et moi n’avons pas insisté sur le lieu où elle avait été retenue et ce qui lui était arrivé, parce que nous étions si heureux qu’elle soit enfin de retour à la maison. Nous l’avons crue lorsqu’elle nous a dit qu’elle était sortie faire un tour dans le désert cette nuit-là et qu’elle avait été capturée. Nos ennemis l’avaient enlevée et lorsque Khivar avait perdu la vie et que la fin de la guerre avait commencé à poindre, elle était enfin parvenue à s’échapper. C’est ce que nous pensions qu’il s’était produit, alors notre seule surprise fut son insistance à ce que Tess reste avec nous.

Sachant ce qui s’était passé avec Alex, la façon dont Tess nous avait tous trahis, j’ai refusé. Je ne voulais pas d’elle chez moi ou près des personnes que j’aimais. Kyle était d’accord avec moi, mais je savais qu’il était partagé sur la question. Kyle et Ava étaient devenus très proches depuis que cette fille au look punk nous avait rejoint, et je sais qu’il voyait Tess en elle. Mais Maria était demeurée ferme et avait fait clairement savoir que c’était à prendre ou à laisser. Si Tess ne restait pas avec nous alors elle, Maria, ne restait pas non plus.
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MessageSujet: Re: Illusions & realities   Illusions & realities EmptyMer 7 Juin - 5:43

Lorsqu’elle nous l’avait fait comprendre, Kyle et moi n’avions pas eu d’autre choix que d’accepter. Je n’allais pas laisser partir Maria, pas quand je venais de la retrouver. Cela ne veut pas dire que ça me plaise que Tess soit là. Cela ne veut pas dire non plus que je doive lui adresser la parole. Cela fait quatre mois qu’elle vit chez Kyle, et nous sommes des étrangers l’un pour l’autre. Elle ne me demande pas de nouvelles de Max et Isabel, et je ne la questionne pas sur l’absence de son fils.

Jetant un coup d’œil vers la maison de Kyle, je ne suis pas surpris de trouver Tess assise sur le porche arrière, le menton dans ses mains comme elle regarde le désert. Nous nous retrouvons tous les deux ici, ces nuits-là, à attendre le retour de Maria. Encore une autre raison de haïr Tess. Elle est la première personne que Maria va trouver lorsqu’elle rentre de ses balades nocturnes.

Tess détient trop de secrets qui concernent Maria. Elles ne l’ont jamais confirmé mais je sais qu’elle était avec Maria avant son évasion. Quelquefois, elles laissent échapper des renseignements, dans la conversation, ou bien Kyle et moi réalisons que toutes deux racontent la même histoire sur ce qui s’est passé. Et parce que Tess connaît les secrets de Maria, elle possède toutes les réponses que je cherche désespérément. Je ne lui ai rien demandé, parce que Maria considérerait cela comme une trahison. Peut-être que j’attends que Maria se confie à moi.

Mais je suis fatigué d’attendre. Je suis fatigué de me réveiller seul au milieu de la nuit, à voir Maria tressaillir à chaque fois que je fais un faux pas. Elle ne veut pas me dire comment faire pour que cela s’améliore entre nous. Je suis fatigué que Maria m’embrasse sur la joue, le front, mais jamais sur les lèvres. Je suis fatigué d’être toujours dans le noir. D’être dépassé par ce besoin de détruire l’homme qui l’a faite souffrir. L’homme qui l’a violée.

Je veux le tuer. Je veux relâcher tout ce pouvoir en moi et me débarrasser de lui comme je l’ai fait avec Pierce. Cette fois-ci, je ne crois pas que je serais dévoré par la culpabilité d’avoir tué quelqu’un. Je le sais. Une partie de moi veut prendre tout son temps pour le tuer, pour lui ôter la vie lentement, pour le faire souffrir jusqu’à ce qu’il paye pour ce qu’il a fait à Maria. Une autre partie de moi veut juste en finir rapidement, une justice expéditive et sans pitié.

Mais je ne peux pas le faire. Je ne peux pas parce que, si c’est Khivar, il est déjà mort. Quelqu’un m’a devancé. Mais si ce n’est pas Khivar, j’ai besoin de savoir et Maria refuse de me le dire. Mais Tess le fera.

Me détachant de la fragile barrière en bois, je traverse la cour jusqu’à la maison de Kyle. Les vieilles maisons ne sont séparées que par une cinquantaine de mètres, et c’est une des raisons pour lesquelles nous nous sommes installées là. Après avoir combattu côte à côte, dans l’ombre l’un de l’autre pendant presque une année, nous avions tous deux besoin d’espace. Mais ce qu’aucun d’entre nous ne voulait admettre, c’est que nous avions besoin d’une personne de confiance dans les parages, quelqu’un qui sache tout ce qui s’était passé.

Les grains de sable du désert recouvrent mes pieds comme je m’approche d’elle, et Tess me regarde brièvement comme je m’assieds près d’elle sur la marche en bois. Elle ne dit rien, se contente de se pousser pour me laisser de la place. Nous restons tous deux silencieux pendant très longtemps comme la nuit nous entoure, et nous contemplons ce sombre horizon.

Des moments comme ça, Isabel me manque. Maria lui aurait parlé de ce qui lui était arrivé. Elles avaient développé une certaine relation les jours qui avaient suivi l’enlèvement de Liz. Même Max aurait pu escalader ses murs. Mais nous vivons tous trois séparés, par sécurité. Khivar est peut-être mort, mais cela ne veut pas dire que nous n’avons pas d’ennemis. Bien que nous soyons plus fort ensemble, nous sommes aussi plus vulnérables. Ce serait trop facile d’éliminer toute la maison royale d’Antar d’un seul coup.

Cela ne veut pas dire que je vais renvoyer Tess. Même si je ne l’aime pas. Je ne vais pas prendre le risque que Maria parte avec elle. Levant la tête, je peux voir la lune atteindre son apogée et commencer sa lente descente vers l’horizon. Sachant que mon temps est compté, je respire profondément. Cela ne m’aide pas, alors je me lance.

- « Tu étais avec Khivar. »

Tess tourne la tête rapidement vers moi en entendant le son de ma voix, comme surprise. Ses yeux bleus sont grand ouverts, mais je ne me fais pas avoir.

- « Ne sois pas si choquée, Tess. Tu savais que Kyle me le dirait ».

Elle penche la tête de côté avant de se détourner. Sa voix est douce, résignée lorsqu’elle me répond.

- « Oui, je suppose que je le savais. »

- « Maria était avec Khivar ».

Ce n’est pas une question, mais Tess secoue quand même la tête. Elle redresse les épaules et se tient plus droite, comme si elle se préparait pour une bataille.

- « Elle ne veut pas que j’en parle. »

- « Et alors », je réponds, mordant, en pensant au passé. « Nous savons tous que tu n’es pas réputée pour ta loyauté, Tess. »

Elle ne réplique pas face à mon ton cinglant, elle ne recule pas, ce qui est plus que ce à quoi je m’attendais. Au lieu de cela, elle répond avec une fermeté qui me surprend.

- « C’est différent. Je le dois à Maria ».

- « Alors dis-moi. Je te le demande parce que j’essaye de l’aider ».

- « Vraiment ? Ce n’est pas toi à qui tu essayes de donner bonne conscience ? »

Son regard est sans compromis, et après un moment, je me détourne, sentant la piqure de la vérité sous ses paroles. Maria souffre, et parce qu’elle souffre, moi aussi. Chaque fois qu’elle tressaille, mon estomac se retourne. Aucun de nous ne passent de bonnes nuits. Mais je ne suis pas égoïste, pas avec la douleur de Maria. Je pourrais faire que tout aille mieux si je savais ce qu’il en était. Et oui, j’irai mieux également, mais c’est secondaire. Il y a une petite pile de cailloux près du porche et j’en ramasse un, le tournant et le retournant dans ma main comme je tente une meilleure approche.

Tess est de nouveau silencieuse, mais après que j’ai lancé deux pierres loin dans la nuit avec une violence à peine contrôlée, elle soupire bruyamment. Elle se penche en avant, les coudes sur les genoux, et elle ne quitte pas le désert des yeux comme elle prend la parole d’une voix si basse que je peux à peine l’entendre.

- « As-tu déjà regardé Maria et t’es-tu déjà demandé si c’était vraiment elle ? »

- « Qu’est-ce que tu veux dire ? » je réponds en fronçant les sourcils, mais j’essaye de garder une voix basse comme je contemple le caillou dans ma main.

- « Est-ce que tu te demandes si elle est toujours la Maria que tu connaissais ? Genre, tu la regardes et tu penses qu’il y a quelque chose de différent, mais tu n’arrives pas à trouver quoi. »

- « Quelque fois. »

- « Mais tu choisis quand même d’être avec elle. Tu l’emmènes dans ton lit, et tu l’embrasses pour lui dire bonjour le matin. Tu essayes toujours de lui épargner des souffrances. »

Je hausse les épaules, incertain de la direction de cette conversation avec Tess. Même si je sais que Maria a changé depuis sa disparition, elle est toujours la même femme dont je suis tombé amoureux. Ca n’a pas changé. Je ne sais peut-être pas ce qui se passe dans sa tête, mais je sais qu’elle est Maria. Je le saurais si elle n’était pas elle. D’une certaine façon, je le saurais.

Tess retombe dans le silence et je grince des dents devant ce délai. Levant le bras, je jette la pierre dans la nuit. Cette fois, elle explose en une pluie de minuscules fragments avant de toucher le sol. Etrangement, je me sens un peu mieux et je répète mon geste.

Après la seconde explosion, Tess arrête de tirer sur les franges de son short. Je me demande si elle se souvient du temps ou c’était elle qui m’avait appris à contrôler ce pouvoir et de toutes les pierres que j’ai fait explosé dans mon appartement. Je jette une autre pierre et avant que je puisse la faire exploser, elle fait marche arrière et revient directement dans notre direction. Instinctivement, je me déplace vers la gauche, mais Tess se contente de bouger la main et d’attraper la pierre.

Je peux voir un léger sourire sur son visage comme elle me tend la pierre, et c’est à ce moment-là que je réalise que c’est elle qui a détourné ma pierre. Pendant une fraction de seconde, le temps s’arrête et nous sommes de retour dans mon appartement. Juste deux adolescents essayant de deviner qui ils étaient. Mais ce moment passe lorsque nos yeux se rencontrent et que je remarque la douleur qui se cache derrière le regard bleu de Tess. Tout ce à quoi je pense, c’est qu’elle a le même regard que Maria. Souvenir, souffrance et une peur malsaine.

Nous détournons tous deux le regard, inconfortables après ce moment partagé. Ou peut-être est-ce le fait que c’est la première fois que nous passons du temps ensemble depuis son retour. Tess se déplace légèrement et entoure sa taille de ses bras avant de reprendre la parole.

- « Khivar pouvait changer d’apparence ».

- « Comme Nacedo ? »

Elle acquiesçe, ses cheveux blonds retombant sur ses épaules. « Exactement comme Nacedo. »

Ce n’est pas une grande révélation parce que nous avions déjà entendu de telles rumeurs. Diable, même Liz avait déblatéré sur Khivar après son retour. Ca paraît logique que les deux hommes partageaient le même type de pouvoir étant donné qu’ils étaient 100 % extra-terrestres tous les deux. La capacité de changer de forme aurait été très pratique. Tu pouvais te glisser n’importe où sans te faire remarquer. Lancer une attaque sans que personne ne réalise que tu étais même présent. Etre assis à une réunion parce que tu ressembles à quelqu’un qui appartient au groupe. Tu pourrais être qui tu voudrais.

Pendant une seconde, mon cerveau se fige, bloqué sur cette pensée. Lorsque les images qui me traversent l’esprit s’arrêtent enfin, je tourne la tête et je regarde Tess.

- « Si Khivar pouvait changer de forme, qui était-il quand il était avec toi ? »

- « Avec moi ? » Tess ne lève même pas la tête devant le ton sérieux de ma question. Au lieu de ça, elle se remet à triturer les franges de son short comme elle continue lentement, comme si elle sélectionnait ses mots avec précaution. « Avec moi, il n’était qu’un type quelconque. Personne que je connaisse. Just un gars. »

Elle ment. La façon dont elle refuse de rencontrer mon regard me révèle qu’elle me cache quelque chose. Je retourne ses mots dans ma tête, et plus particulièrement le « avec moi ? » La pierre dans ma main se désintègre en une fine poudre qui se répand sur mes poings et mon pantalon.
- « Je sais qu’il l’a violée, Tess. »

Cette fois, son regard surpris n’est pas feint.

- « Maria te l’as dit ? »

- « Elle n’en a pas eu besoin, je peux le voir. » Je ne m’attarde pas sur la confirmation de Tess, ce n’est pas vraiment important. Au lieu de ça, je ramasse une autre pierre, une plus grosse cette fois. « Je sais qu’elle a été violée, Tess. Et si Khivar était celui qui la retenait prisonnière, il nous haïssait suffisamment pour s’occuper de Maria en personne. »

Lorsque seul le silence me répond, je jette un coup d’œil vers Tess, surpris de voir que sa tête est toujours baissée. Je lui donne un coup avec mon genou pour attirer son attention, et je ne suis absolument pas préparé lorsqu’elle sursaute et s’éloigne de moi. Juste comme Maria lorsqu’elle n’est pas sur ses gardes. Mais Tess se remet rapidement, la sauvagerie dans ses yeux disparaissant si vite que je ne suis pas sûr de l’avoir vraiment remarqué.
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MessageSujet: Re: Illusions & realities   Illusions & realities EmptyMer 7 Juin - 5:43

Mettant de côté cette coincidence, je reste quand même sur mon côté du porche.

- « Qui était-il quand il était avec Maria ? »

Mais Tess secoue déjà la tête de dénégation, comme si elle connaissait déjà la question avant même que je la pose.

- « Tu sais que je ne peux pas en parler. »

- « Pourquoi pas ? Pourquoi diable Maria et toi me fermez la porte au nez et refusez de me parler de ce qui s’est passé avec lui ? »

- « Pourquoi tu veux le savoir ? » Elle riposte, son ton imitant le mien.

- « Parce que je ne peux pas l’aider jusqu’à ce que je sache ce qui s’est passé. » Piégé dans notre argument, j’oublie de faire attention à mes paroles.

- « Et tu feras quoi, Michael ? Il est mort. Tu ne peux pas le ramener à la vie et lui faire payer. »

- « Bon dieu, je le sais, ça ! ».

Me levant avec précipitation, je marche de long en large devant le porche. Le pouvoir gronde en moi et me fait trembler d’effort afin de le garder sous contrôle. Alors je me défoule de la seule façon que je connaisse, en hurlant après Tess avec toute la colère que j’ai à l’intérieur.

- « Est-ce que tu crois que j’aime la regarder pleurer ? Est-ce que tu crois que j’aime la façon dont elle se détourne de moi ? Ou comment elle ne peut pas passer une nuit sans faire de cauchemars ? Et que rien de ce que je fais n’arrange les choses parce que j’ignore tout de ce qui s’est passé ! ».

Une large formation rocheuse explose sur ma gauche dans un bruit infernal et je me jette au sol, fermant les yeux pour me protéger. Je suis vaguement conscient du cri choqué de Tess, mais je ne me relève pas avant que la pluie de pierres pulvérisées s’achève.

- « Que diable se passe-t-il ? »

Tess et moi nous tournons vers Kyle qui avance sur nous rapidement. Comme il contemple le désastre que j’ai crée, son expression stupéfaite est presque la même que celle de Tess. Je ne peux que le regarder comme mon esprit vibre encore de cette explosion de pouvoir. Tess est plus prompte à réagir et fait un signe de tête comme si elle devançait ses questions. Elle arrive à demander ce que nous voulions tous les deux savoir.

- « Où est Maria ? »

- « A peu près 5 minutes derrière moi. Vous avez de la chance qu’elle ne vous a pas entendu hurler. »

- « Ouais. »

Comme c’est le seul mot que j’arrive à prononcer, je me tourne pour repartir vers la maison et contrôler mes émotions, mais Tess se lève et me demande de l’attendre.

Depuis sa positin sur les marches du porche, Kyle a l’air confus, mais elle l’embrasse brièvement sur la bouche et le pousse à l’intérieur de la maison. Jetant un coup d’œil rapide vers le désert, elle me un fait signe de la main. Mes pieds prennent l’initiative de la rejoindre et je me trouve en face d’elle, au pied des marches. Avec elle en haut des marches, nous nous trouvons tous deux face à face, et je peux voir la résignation dans ses yeux.

- « Maria a de la chance d’avoir quelqu’un comme toi qui l’aime tellement. »

Je ne réponds pas, je me contente de me passer la main dans ma longue chevelure. Il y a un lèger sourire sur son visage comme Tess se penche vers moi et enlève la poussière de mes épaules.

- « Maria s’est tenue entre Khivar et moi beaucoup trop de fois. Elle s’est mise en danger pour m’empêcher d’être blessée. Elle aurait pu me laisser derrière quand elle s’est échappée, mais elle ne l’a pas fait. Je lui dois beaucoup pour ça, alors j’ai promis que je ne dirai pas un mot de tout ce qui s’est passé. J’ai promis que cela resterait un secret. »

Elle prend une profonde respiration, puis reprend : ses mots sont prononcés à voix basse, mais sont forts.

- « Ce qui est arrivé à Maria, ce que Khivar lui a fait, ce sont des choses dont elle ne te parlera jamais, Michael. Elle ne veut pas te faire mal. Mais si, au bout du compte, cela se joue entre garder le secret de Maria et la laisser souffrir, ou tu dire la vérité et TE laisser souffrir, alors je te choisis toi sans hésitation. »

J’ouvre la bouche pour parler, mais Tess secoue encore une fois la tête et pose un doigt sur mes lèvres pour m’empêcher de parler.

- « Je suis désolée, Michael ».

Avant que j’aie pu comprendre de quoi elle parlait, je ne la vois pas se pencher vers moi. Je sens juste ses lèvres se poser sur les miennes. Choqué, paralysé, je ne l’empêche pas de me tirer vers elle comme elle approfondit le baiser. Sa langue se mélange à la mienne et les flashes commencent, en technicolor.

- Maria chevauchant mon corps, ses yeux étroitement fermés, son visage grimaçant comme je serre fort son avant-bras,

- Maria agenouillée près d’un mur, son visage tuméfié comme je me tiens devant elle, torse nu et souriant,

- Maria fredonnant doucement comme je me penche dans la baignoire afin qu’elle puisse me laver,

- Le regard froid et dur de Maria comme elle lève un bras, un couteau dans une main, puis me frappe et l’empale violemment dans mon cou, l’enfonçant toujours plus comme je me débats,

- Les mains de Maria couvertes de sang,

- Maria sanglotant comme Tess appose ses mains sur ma tête et utilise ses pouvoirs, finissant le travail commencé par Maria.


Je tombe à genoux et Tess me repousse avant que je ne l’entraîne dans ma chute avec moi. Agrippant la rambarde, je réussis à me redresser, mais à peine. Tess regarde brièvement le désert derrière moi, puis me repousse violemment, me forçant à sortir de ma stupeur.

- « Rentre chez toi. Maintenant, avant qu’elle te voie. »

Elle fait demi-tour et disparaît à l’intérieur de la maison de Kyle et je trébuche jusque chez moi. Derrière la maison, je me sens mal et je vomis ce qui reste de mon dîner sur les rochers. Cela ne stoppe pas les images.

Khivar a violé Maria. Il l’a violée, l’a battue, l’a brutalisée, et il l’a fait en utilisant mon visage. L’homme qui est responsable de tout l’enfer qu’elle a traversé et traverse encore, est mon double. Je titube à travers la maison jusque dans la salle de bain, et je m’écroule en face de toilettes, mon estomac se révoltant encore une fois comme il essaie d’expulser la douleur dans mon ventre. Me déplaçant vers le lavabo, je me passe du l’eau sur le visage mais cela n’empêche pas les tremblements. Le dentifrice mentholé n’enlève pas ce goût amer dans ma bouche et quand je lève la tête et me voie dans le miroir, j’ai envie de vomir une nouvelle fois. A la place, j’explose le miroir, fracturant mon image.
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MessageSujet: Re: Illusions & realities   Illusions & realities EmptyMer 7 Juin - 5:44

Notre lit est froid et vide lorsque je rampe faiblement sur le matelas et je me recroqueville sur moi-même. L’oreiller de Maria porte toujours son odeur, et je le serre fort sur ma poitrine comme je regarde les rayons de lune qui tombent sur le sol. Mais même la pâle lumière blanche ne peut effacer les images que Tess m’a données.

Comment peux-t-elle me laisser poser la main sur elle ? Comment peut-elle dormir à mes côtés dans ce lit étroit où il y a à peine de la place pour deux ? Chaque fois qu’elle se tourne dans la nuit et me voit, c’est lui qu’elle voit. Chaque fois que je la recouvre de mon corps, elle se rappelle quand lui faisait de même. Elle souffre à cause de moi.

Je réalise que l’oreiller sous ma tête est mouillé et que mes joues sont humides. Maria semble être la seule à pouvoir me faire pleurer de cette façon. La douleur dans mon ventre n’est rien en comparaison de la déchirure que je ressens au niveau de la poitrine lorsque je réalise ce qu’il me reste à faire.

Je dois la quitter. Comment puis-je rester et continuer à lui faire mal de cette façon ? Je l’aime trop.

Prenant une respirationt tremblante, je m’accroche à son oreiller. Je peux le faire. Je l’ai déjà fait par deux fois dans le passé, et ça ne m’a pas tué, même si j’ai cru à l’époque que j’allais en mourir. Ce ne sera pas différent cette fois. De plus, je suis plus fort, maintenant. Je l’ai déjà perdue une fois. Je prétendrai juste que ces 4 derniers mois n’ont jamais existé. Je les enterrerai et je les oublierai.

Je dois partir samedi pour un voyage prolongé afin de vérifier si tout va bien avec la guerre et la reconstruction. Ce sera facile de continuer à voyager. Nous quatre, Max, Isabel, Ava et moi-même, avons décidé de nous occuper d’une partie différente du pays. Le sud-est est ma responsabilité, et bien que d’habitude, Kyle vient avec moi, je trouverai un moyen pour qu’il reste là. Ce ne devrait pas être trop dur, surtout si je peux le convaincre que quelqu’un a besoin de rester pour s’occuper de Tess et de Maria.

En plus de convaincre Kyle de rester ici, il y a beaucoup de choses à faire avant que je parte. Kyle possède l’acte notarié de cette maison caché quelque part. Si je déclare Maria comme étant ma compagne, elle pourra en devenir propriétaire. Kyle aura besoin de savoir où je cache l’argent, afin qu’il puisse y avoir accès pour Maria. Elle sera capable de survivre sans moi. Je laisserai une note pour elle. Je sais que Tess ne lui expliquera rien. Ca ne ferait que l’impliquer. Quoiqu’il puisse se produire, je sais que Kyle sera là pour elle.

Penser à Tess refont jouer les flashes dans ma tête, encore et encore, avec plus de clarté que je ne le voudrais. Le tremblement de mon corps s’arrête comme je me repasse l’image de Maria qui chante doucement comme elle me donne un bain. LUI donne un bain. Le sang remplit ma bouche comme je me mords la langue. Maria ne chante que si elle est heureuse, quand elle est en paix. Elle n’a pas chanté depuis son retour, et cela n’a aucun sens pour elle de chanter pour lui. Pas avec tout ce qu’il lui a fait subir. A moins que…

Oh, mon dieu, et si elle ne savait pas ? Si elle croyait que c’était vraiment moi ? Si elle croyait que c’était moi qui la frappait et la violait ?

Je n’atteinds pas la salle de bain cette fois-ci. Je vomis à mi-chemin. Mais ça ne fait rien parce qu’il ne me reste plus rien dans l’estomac. Je suis vide. Je ne peux que rester allongé par terre, la moquette usée s’enfonçant contre ma joue et souffrir. Elle devait bien savoir que ce n’était pas moi. Elle devait le savoir. Pourquoi elle serait revenue sinon ? Pourquoi elle l’aurait tué ?

Je n’ai aucune idée du temps que je passe là, incapable de bouger. Je suis si perturbé. Tout ce que je sais, c’est que Maria souffre à cause de moi. Khivar l’a brutalisée et l’a fait regardé bien en face le visage de son tortionnaire. Je ne peux pas tout arranger en tuant Khivar ou quelqu’un d’autre. La seule chose à faire, c’est de partir. Comme ça, elle n’aura pas à vivre avec le rappel permanent de sa période en enfer.

Le craquement de la porte arrière me sort de mon hébétude et je me relève pour ramper dans notre lit. Les bruits de pas de Maria se font entendre sur le sol en bois du couloir et lorsqu’elle rejoint notre chambre, j’ai réussi à me glisser sous les couvertures et à effacer mes larmes.

Durant cette fraction de seconde ou elle hésite, j’examine son visage et son language corporel, à la recherche du moindre indice. Mais elle se cache toujours comme elle ôte ses vêtements, les laissant tomber par terre avant qu’elle soulève le drap et s’allonge à côté de moi. Pendant un bref moment, nos yeux se croisent et elle me surprend en levant la main et en caressant mes sourcils et une cicatrice à peine visible.

Agissant d’instinct, je me saisis délicatement de son coude et je penche la tête afin de déposer un baiser sur sa cicatrice. La surprise est d’autant plus grande lorsqu’elle ne se recule pas. Au contraire, quand je relève la tête, je distingue un soupçon de sourire sur ses lèvres.

La douleur dans ma poitrine refait surface, mais cette fois-ci, elle ne fais pas aussi mal. Plutôt comme une palpitation. Poussant un oreiller sous ma tête, je me rallonge confortablement et je me sens encore plus à l’aise lorsque Maria laisse retomber sa tête sur ma poitrine. D’habitude, elle me tourne le dos, elle ne se blottit contre moi que lorsqu’elle est profondément endormie. Remontant les couvertures vers nous, je laisse échapper ma respiration, que j’avais retenue.

- « Tu voudras bien me couper les cheveux, demain ? Court, comme à l’époque du lycée. »

Je ne sais pas d’où sortent ces mots, et il y a une hésitation palpable en Maria avant qu’elle ne réponde. Je me demande si elle pense à lui. Ses cheveux étaient longs. Diable, c’était mes cheveux.

- « Pourquoi ? »

Le mot est prononcé tout doucement, presque un chuchotement, et je déglutis avec difficulté, essayant de bloquer les images qui m’envahissent.

- « Je n’aime pas mon look. »

Elle soulève la tête juste un petit peu devant ces mots véhéments et dans la pâle lumière de la lune, je peux voir la confusion dans ses yeux. Sachant que je ne peux rien lui cacher ce soir, je détourne les yeux jusqu’à ce qu’elle repose la tête sur moi.

- « D’accord. »

Je referme mes paupières en entendant ce simple mot. Je ne sais pas ce que j’aurais pu répondre si elle m’avait questionné plus. Je ne suis pas suffisamment fort pour la protéger de ce que je ressens. Les choses sont trop proches de la surface et mon contrôle est pratiquement inexistant. Alors je suis reconnaissant qu’elle se blottisse contre moi, ses longues jambes mélangées aux miennes sous le drap.

Pendant de longues minutes, nous restons là, silencieux. Plusieurs mèches de cheveux de Maria sont tombées sur ma main mais je ne la retiens pas. Passer mes doigts dans ses cheveux est aussi un mouvement interdit, et mon cœur se serre lorsque j’en comprends la raison.

- « Combien de temps seras-tu parti, pour ton prochain voyage dans le nord ? »

Sa respiration est chaude contre la peau nue de ma poitrine, mais sa question envoie un frisson glacial dans mes veines. Tout d’un coup, le monde se réduit à ce lit, à nous deux allongés là. La main de Maria trace des dessins sur ma poitrine. La mienne se trouve contre le bas de son dos. Je sais qu’elle peut entendre mon cœur battre sous son oreille, et à chaque respiration que je prends, je respire l’odeur de Maria et du désert. Exactement comme lors de la dernière fois ou je l’ai quittée. Des souvenirs de notre première nuit d’amour remplissent mon esprit, et j’avale péniblement.

- « Plusieurs semaines. »

Je prends une profonde respiration et les mots sortent avant que je puisse réfléchir.

- « Je veux que tu viennes avec moi. »

- « D’accord ».

Et sur ce mot, je sais que je ne peux pas la quitter. Ce n’est pas possible. Je dois rester et faire face comme un homme. Je dois faire face avec la même force que Maria a montré.

Bientôt, je saurai quoi faire. Je trouverai un moyen pour qu’elle oublie, pour qu’elle aille mieux. Bientôt, je serai capable de me regarder dans une glace.

Bientôt.

FIN
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